vendredi 1 mai 2009

Dictionnaire (caustique) de l’économie : « A comme… Accélérateur »


Cette semaine, j’ai décidé de commencer un dictionnaire de l’économie, dont l’ambition n’est que de m’amuser personnellement. Mais je me suis dit que cela pourrait peut être en amuser d’autres. Bien évidemment, le ton se veut un peu caustique, ce qui ne signifie pas que je n’ai pas le plus grand respect pour tous les économistes passés et présents que je citerai dans ces lignes. J’essaierai de produire une lettre par ci par là, en choisissant un concept de la manière la plus objectivement égoïste et arbitraire. Cette semaine, A comme… Accélérateur.

Accélérateur (n. m., du grec « acceleraros», litt. « mettre un tigre dans son moteur »)

Concept macroéconomique selon lequel une augmentation du revenu courant – de la demande- débouche  sur une croissance de l’investissement, c’est-à-dire de la variation du stock de capital, dans les périodes futures. Popularisé par une tribu d’économistes, les keynésiens, qui, bien qu’étant en voie de disparition, n'est pas recensée à ma connaissance dans la liste des espèces menacées établie par le WWF. En fait, invention d’origine en partie française (F. Aftalion) et américaine (JB Clark) mise en lumière au début du 20ème siècle.

Outil abondamment utilisé dans les pays développés dans la mise en œuvre des politiques conjoncturelles lors des années d’après guerre pour relancer les économies, en général couplé à un autre outil, dit « multiplicateur d’investissement », également popularisé par la même tribu dans les années 40.

L’accélérateur (et son corollaire le mécanisme multiplicateur) est fondé sur la croyance selon laquelle l’économie se pilote comme une bagnole, sans avoir intrinsèquement saisi qu’à force d’appuyer sur le champignon, il en découle deux conséquences fâcheuses. La première est que le véhicule devient de plus en plus difficile à contrôler pour le conducteur au fur et à mesure que sa vitesse augmente et par conséquent, à moins de s’appeler Schumacher, on risque la casse. La seconde est que plus on accélère, plus on consomme de ressources économiques – d’essence - qui auraient pu sans doute être utilisées à des choses plus intéressantes. Un certain Milton Friedman (voir sa photo ci-dessus, c'est fou ce qu'il ressemble à Steve Mc Queen),  friand de course automobile, avait  d'ailleurs prévu dès la fin des années 60 que la voiture des keynésiens irait tôt ou tard dans le mur, ce qui est en fait arrivé dans les années 70. Comme quoi ils n’allaient pas si vite que cela..

L’accélérateur forme avec le multiplicateur (voir à la future lettre "m", en deux mots, une autre croyance économique résidant dans le fait qu’une augmentation de l’investissement génère des vagues additionnelles de revenus, en fait la simple idée selon laquelle on peut multiplier des euros comme jadis Jésus multipliait les petits pains) un « moteur à deux temps » (dixit je crois le manuel de Gilbert Abraham-Frois). Du moins c’est comme cela que l’on présentait ces concepts dans les années 80 quand je faisais mes études d’économie.

Cette analogie bagnolesque du moteur économique keynésien "à deux temps" m’a toujours laissé un brin pensif du fait que, au moins depuis l'après guerre, le moteur à quatre temps, infiniment plus efficace, s'est généralisé... Ceci m’inspirait le plus grand scepticisme quant à la portée à venir de cette théorie.

Aujourd’hui, ce principe d'accélérateur déclenche une indifférence théorique à peine polie, et certains économistes pouffent encore (j’en connais quelques uns mais je ne cafterai pas !) du fait que l’on ait pu croire à une vision aussi mécanique des comportements économiques.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.